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---------------------------------------- Mani prêchant ses concepts religieux-
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--------------------------L'histoire -
Il est issu d'un milieu chrétien appartenant à la secte gnostique des Elcésaïtes.
Son père Pätik (du persan Pattüg , en grec "Παττικιος", en arabe "Futtuq"), né à "Ecbatane", est un noble qui se convertit très tôt au courant des "Elkasaïtes". Sa mère ( plusieurs noms lui sont attribués, dont "Mariam"), d'origine "Parthe", est issue d'une famille arménienne "Arsacide" de "Kamsarakan". Ayant quitté sa femme pour s'installer dans sa communauté, "Pätik" vient rechercher son fils alors âgé de 4 ans pour l'emmener dans sa communauté ascétique. Dès l'âge de 12 ans, Mani affirme être en contact avec un ange (cela correspond à la figure mystique du bien-aimé, du jumeau) qui lui demande de quitter cette secte hostile pour enseigner la parole du Christ. Se considérant comme un imitateur de la vie de Jésus, il se met à prêcher vers 240, année de son voyage dans le Royaume indo-grec sur les traces de la communauté de l'apôtre Thomas, où il est probablement influencé par le gréco-bouddhisme. De retour en 242, il rejoint la Cour du roi sassanide Shapur Ier, fidèle au zoroastrisme, à qui il dédicace son premier ouvrage en perse, Shabuhragan et lui présente sa doctrine du manichéisme. Le monarque conçoit tout l'intérêt d'une religion nationale pour unifier son empire, il lui donne alors le droit de répandre librement son enseignement dans tout l'Empire Perse où il prêche en araméen. La foi nouvelle progresse rapidement et les communautés se multiplient sous son regard bienveillant. Vient le règne de Bahrâm Ier, en 272, qui favorise un retour au mazdéisme. Persécuté, Mani se réfugie au Khorasan où il fait des adeptes parmi les seigneurs locaux. Inquiété de voir cette influence grandir, Bahrâm Ier le remet en confiance et le rappelle à Ctésiphon. Mais c'est la prison et les mauvais traitements qui l'attendent. La consigne est de le faire mourir lentement sous le poids de ses chaînes7. Son agonie dure 26 jours, puis il meurt d'épuisement à Gundishapur aux alentours du 26 février 277, à l'âge d'environ soixante ans. Selon la tradition, sa tête est coupée et clouée à une porte de la ville. Pour Abû Mansûr at-Tha‘âlibî, son corps est écorché et sa peau, remplie de paille, est suspendue à une entrée de la ville tandis que Ibn al-Nadim relate dans le Kitab-al-Fihrist que son cadavre, séparé en deux parties, est exposé à deux portes de la ville. La passion de Mani sera perçue comme une transposition de la passion du Christ par ses adeptes. Peintre visionnaire et philosophe, poète, musicien, médecin, Mani transmit une vision du monde et de la vie si puissante que son enseignement se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine, des Balkans à la péninsule arabique. ---------------_-------
-----------------La doctrine de Mani:
On raconte comment, un jour, les esprits des ténèbres voulurent donner l'assaut au royaume de la lumière. Ils parvinrent en effet jusqu'à la frontière de ce royaume "nitescent" (lumineux, rayonnant) et voulurent en faire la conquête. Mais ils ne pouvaient rien contre le royaume de la lumière étant donné sa suprasensibilité. Les esprits du royaume de la lumière prirent alors une partie de leur propre royaume et la mêlèrent au royaume matériel des ténèbres. Grâce à ce mélange d'une partie du royaume de la lumière avec le royaume des ténèbres, il y eut, dit-on, en quelque sorte dans le royaume des ténèbres comme un levain, une sorte de substance provoquant la fermentation qui plongea le royaume des ténèbres dans une danse tourbillonnante chaotique par quoi il reçut un nouvel élément, à savoir la mort — relevant pour l'homme d'une sorte de "trans-substantiation". Cela a lieu tant et si bien que le royaume des ténèbres se consume constamment lui même et porte ainsi en lui le germe de son propre anéantissement,ou pour l'homme, d'une transmutation en lumières passant par la formidable coruscation de la mort. La pensée profonde qui réside dans ce récit est que le royaume des ténèbres doit être surmonté par le royaume de la lumière, non par le châtiment, mais par la douceur, l'amour , non pas en s'opposant au Mal ou en le combattant, mais en se mêlant à lui ; afin de réduire le Mal en tant que tel. --------------------------
--------------------Les deux mondes :
Un des fondements du manichéisme est de séparer le monde en deux : le royaume de la lumière, le royaume de la Vie divine, où s'exprime ce qui est de l'éternité ; le royaume des ténèbres, le royaume de la matière, le royaume des "morts", où s'exprime ce qui est de l'espace temps. Même l'homme est double : Selon le manichéisme, la lumière et les ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais suite à un événement catastrophique, les ténèbres envahirent la lumière. De ce conflit est né l'homme (naturel), son esprit appartient au royaume de la lumière et son corps, appartient au royaume des ténèbres , ce qui peut transformer la mort non plus en processus destructif mais en processus d'élévation suprême, de libération de l'esprit. Selon le manichéisme, l'homme naturel est donc double. Il possède : un esprit appartenant au royaume de la lumière : C'est la partie immortelle de l'homme .. un corps appartenant au royaume des ténèbres: C'est la partie mortelle de l'homme .. ----------------Bien et mal :
Selon le manichéisme, le bien est associé au royaume de la lumière, alors que le mal est associé au royaume des ténèbres1. Ce combat entre le bien et le mal est un des fondements du manichéisme. Pour que l'esprit d'un homme puisse, une fois mort, se libérer du cycle des incarnations et arrive donc à rejoindre le royaume de la lumière, il faut qu'il se détache de tout ce qui est matériel de son vivant. Selon le manichéisme, la mort matérielle a deux facettes. L'homme qui reste attaché a sa vie matérielle, ne permet pas à son esprit de se libérer du royaume des "morts"; alors que l'homme qui offrira sa vie matérielle à l'esprit en lui par le chemin de l’Évangile, pour celui là, l'esprit en lui retournera au royaume de la Vie divine. Certains théologiens trouvent une parenté à ce concept dans la phrase que Jésus prononce dans l’Évangile selon Marc (chapitre 8 verset 35): Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. ---------------------------------
---------Toute la philosophie de Mani :
L’essence même de la philosophie manichéenne est basée sur deux concepts dogmatiques : la division du monde en trois temps et deux entités. Ces théories sont issues du mythe fondateur imaginé par Mani. D’abord, la division du monde en deux entités. D’un côté, Mani place les Ténèbres, gouvernées par Satan ou « le Prince des Ténèbres » et de l’autre, la Lumière, gouvernée par Dieu. Ce concept si drastique s’applique évidemment au monde des idées. En effet, dans la loi manichéenne, il n’y a pas de zone grise, un acte est bon ou mauvais, tout simplement. Ensuite, la division du monde en trois temps. Elle est intimement liée avec la précédente. En lieu de premier temps, le moment antérieur. Il est caractérisé par la division absolue et non mélangée du monde entre les Ténèbres et la Lumière. Ces dernières semblent presque ignorer leur existence mutuelle. Puisque les Ténèbres (ni la Lumière d’ailleurs) ne peuvent être anéantis, l’état antérieur est considéré comme un état parfait du monde. En lieu de deuxième temps, le moment médian ou présent. Celui-ci commence avec la création de l’humanité. Il est caractérisé par un mélange instable des Ténèbres et de la Lumière. En lieu de troisième temps, le moment postérieur. Il est en tout point identique au moment antérieur : les âmes humaines (provenant de l’essence de homme primordial) reposent au royaume de la Lumière en un immense « carma » lumineux représentant l’homme primordial. Ces divisions du monde ont pour effet que le manichéen tente constamment d’atteindre un idéal : il doit rétablir la division entre Ténèbres et Lumière. D’après le mythe fondateur, l’âme humaine est faite de la Lumière et son corps, des Ténèbres. La relation avec Dieu s’en retrouve donc très intime, celle avec Satan aussi, malheureusement. Le croyant met en contexte l’idéal premier manichéen en le suivant : il doit séparer son esprit de son corps, maximiser l’expansion de celui-là et réduire celle de celui-ci. Pour ce faire, il suivra des règles précises réduisant le plus possible toute forme de matérialisme et de sensualité dans sa vie. Il considérera aussi la matière comme quelque chose de mauvais mais ne la détruira pas puisqu’elle contient la lumière dans le cas des êtres vivants et contient les armes de l’homme primordial dans le cas des éléments non biologiques comme l’eau, l’air etc. Si le manichéen provoque une rupture entre son esprit et son corps, il espère accéder au royaume de la Lumière et fondre sa particule lumineuse aux autres en un immense "carma" (Mani a été fortement influencé par diverses religions préexistantes à la sienne comme le bouddhisme. Par ailleurs le manichéisme est issu d'une communauté "Elkasaïte", elle-même produit d'une fusion entre des " Osséens et des Nazôréens " de la région de "Mésène".) Sinon, il renaîtra en un autre corps et devra continuer son cheminement jusqu’à ce que la dissociation soit faite. --------------------------------------
---------------------------------------------------------------- Mani - -----------------------------
-----------Les rêgles et les grades :
Deux groupes de manichéens existaient : les élus : qui passaient leur temps à prêcher, pratiquaient le célibat et étaient végétariens. Après leur mort, les élus étaient assurés d'atteindre le royaume de la Lumière ; les auditeurs : ils devaient servir les élus, pouvaient se marier (mais il leur était déconseillé d'avoir des enfants) et pratiquaient des jeûnes toutes les semaines. Après leur mort, les auditeurs espéraient être réincarnés en tant qu'élus. Pour que le royaume de la lumière triomphe sur les ténèbres, il faut que tous les élus et les auditeurs atteignent le royaume de la lumière. En réalité, ce n'est pas vraiment un triomphe que les manichéens recherchent, mais un retour à l'état originel, la séparation du bien et du mal. Car selon le manichéisme, il est impossible de triompher du mal, car le mal est indestructible. Le seul moyen d'être totalement dans le royaume de la lumière, c'est de fuir les ténèbres. Les principes fondamentaux du manichéen sont de réfuter le plaisir de la chair, de ne pas tuer et de ne pas blasphémer. Les manichéens ne possèdent aucune permission, si ce n’est de respecter les rites et les règles qui leur sont imposés. Comme on peut le constater, les règles de cette religion sont à la fois simples et rigoureuses. Les classes des auditeurs vivent en respectant les " Dix Commandements de Mani ". Ces commandements touchent autant la vie sociale que religieuse des manichéens. Par contre, le mode de vie des deux classes est différent. Ils doivent prier quatre fois par jour , soit pour chacune des quatre positions du soleil . jeûner ainsi que contribuer à l’aumône correspondant environ à un septième des biens qu’il possède. Les manichéens doivent aussi se garder de parler des tentations, celles ci étant strictement tabous. À travers ces interdits, l’auditeur aura pour objectif d’atteindre un état qui le rendra parfait lors de sa réincarnation. Il sera alors Élu. Les règles des Élus, beaucoup plus strictes, se divisent principalement en trois sceaux: soit" celui de la main, de la bouche et du sein ". Le "sceau de la main" est la restriction des gestes pouvant briser la vie tels la chasse et la guerre. Le "sceau de la bouche " représente la discipline de la parole et celle du régime alimentaire. Celui-ci se résume aux herbes. Le "sceau du sein " représente l’abstinence sexuelle de l’Élu. Le but de ceux-ci est d’incarner la perfection afin de montrer l’exemple aux religieux des classes inférieures. Cette perfection est le dernier stade précédant l’accès au " Carma du royaume de la Lumière " . Chez les manichéens, un enfant naît Élu ou auditeur. Il n’est pas possible de le devenir au cours des années. Le choix se fait par rapport aux ancêtres et aux familles. La seule façon de changer de classe, selon la religion, est de se réincarner en Élu dans une vie ultérieure. Les récompenses des religieux vivant au sein de cette religion sont en fait l’ascension dans la hiérarchie. Par contre, passer d’auditeur à Élu ne pourra se faire autrement qu’en se réincarnant. Les pénitences, contrairement aux récompenses, constituent la perte d’un grade ou d’un privilège dans la hiérarchie manichéenne. Comme on peut le constater, la relation qu’entretient le manichéen avec le Dieu "la Lumière" se fait par l’intermédiaire de la prière et dans une optique de sainteté. Pour ce faire, les manichéens doivent tout simplement respecter les règles à la lettre. -------------------------
-----------------Les rites :
Les manichéens croient en la Lumière, l’image de Dieu et ses serviteurs. Ces entités sont à la fois très près de leur corps et loin de leur réalité. En effet, les manichéens affirment que la Lumière est emprisonnée en eux, mais ne peuvent se la représenter. La prière constitue un des moyens privilégiés du manichéen pour accéder à la Lumière.
La prière quotidienne se pratique individuellement tandis que la confesse a lieu devant les Élus. Apparemment, aucun objet n’est nécessaire à l’accomplissement des rites. Les Élus se laissent pousser les cheveux, s’habillent en blanc, retranscrivent et étudient les écrits de Mani, chantent sept hymnes par jour, enseignent, s’isolent à la pleine lune et prient sept fois par jour ainsi que durant la majeure partie de la nuit. La plupart des Élus sont également nomades. Les auditeurs, de leur côté, mémorisent les écrits de Mani, chantent quand ils peuvent, prient quatre fois par jour et jeûnent la semaine afin de se préparer à la confesse du lundi. En effet, une confesse a lieu chaque lundi, tandis qu’une autre de plus grande envergure prend place à la fin du mois. Durant celle-ci, les manichéens demandent le grand pardon. Également, à quelques reprises durant l’année, les auditeurs sont appelés à se départir de leurs biens matériels en les offrant à l’Église. Cette pratique est nommée l’aumône. Les Élus, ayant fait vœu de pauvreté, se débarrassent systématiquement de leurs biens. Les rites sont foncièrement positifs à l’exception de la célébration du " Bêma ", soit la nouvelle année chez les manichéens fêtée en été (le jour de la fête de Mani). En effet, un jeûne d’un mois presque entier (26 jours) la précède et mettent en carence de certains éléments nutritifs les Élus et les Auditeurs, déjà restreints par des habitudes alimentaires pauvres en protéines. En ce qui concerne les symboles, le manichéisme n’en possède que très peu. Cette carence repose en partie sur le fait qu’un des dix commandements manichéens indique clairement que la représentation de Dieu est proscrite. Malgré tout, quatre symboles évidents et connus de tous font partie du manichéisme. Les deux premiers symboles sont ceux de la Lumière et des Ténèbres représentées par des teintes contrastantes de noir et de blanc. Le troisième, est la croix de Jésus Christ, empruntée au christianisme. Néanmoins, elle n’a pas exactement la même signification. Elle signifie l’incarnation de Jésus sous forme humaine pour faire le lien entre l’homme et Dieu. La souffrance du Christ semble considérée comme le fruit d’une illusion chez les manichéens. Le quatrième est le serpent, représentant la chair, "chose mauvaise". ______________________
---------La critique de saint Augustin :
Pour saint Augustin, le manichéisme est directement issu du gnosticisme. Il n'y a donc rien de vraiment nouveau dans la secte des manichéens. ST Augustin a été manichéen à une période de sa vie, il connaît donc assez bien la doctrine de Mani, par différents témoignages et écrits qui ne sont peut-être pas tous parvenus jusqu'à nous. De plus, le gnosticisme est directement en relation avec les religions païennes ou cultes à mystères. La critique de ST Augustin affirme que les manichéens sont obligés de rendre un culte envers " Baal ", qui représente le Mal, c'est-à-dire Satan. ST Augustin affirme donc la suprématie du Dieu trinitaire contre Satan. Car dans la Bible, il est écrit que Jésus est infiniment plus fort que le diable et que rien ne prévaudra contre l'Église de Jésus-Christ. Une critique philosophique brève et riche du manichéisme se trouve dans les Confessions de ST Augustin, livre VII, chapitre 3. L'argument contre les manichéens est le suivant: Les manichéens posent deux substances opposées, le Bien et le Mal, et les font se combattre. Or, si Dieu est incorruptible (au sens métaphysique du terme, pur de tout mélange, et incapable d'être mêlé à une autre substance), le Mal n'a aucun moyen de le combattre. Donc, soit les Manichéens conçoivent que Dieu est imparfait (ce qui va contre la définition de Dieu), soit Dieu est bien incorruptible pour les manichéens, mais il a alors engagé de lui-même un combat gagné d'avance contre le Mal. Que Dieu soit l'auteur d'une agression gratuite est aussi inacceptable que son imperfection. La conclusion est que le manichéisme est inapte à donner une bonne conception de Dieu. -----------------------
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